Oric n’a aucune mémoire avant 2000, où il se retrouve seul, en pleine nuit, au beau milieu des ravins de Toronto. Il a des papiers d’identité, une adresse et un compte en banque bien fourni, mais rien ni personne pour lui indiquer qui il est et d’où il vient.
Après quelques tentatives officielles et examens médicaux durant lesquels trois imageries cérébrales retournent des résultats incohérents, un neurologiste finit par conclure à une forme rare d’épilepsie.
De cette époque, Oric gardera toute sa vie l’impression de ne pas appartenir. Il verra le monde, la société et l’humanité évoluer sous ses yeux, comme s’il en était un témoin muet. Après trois années, il décide d’abandonner les recherches. Il est polyglotte, assoiffé de connaissances et possède des facultés d’apprentissage remarquables. Il se lance à corps perdu dans la micro-informatique et la cybersécurité. Pendant plusieurs années, il œuvre comme hacker éthique, louant ses services à diverses entreprises sur des missions de sécurité informatique. Il ne reste jamais longtemps sur une mission et ne maintient aucune vie sociale. Il consacre tout son temps libre à l’apprentissage : sciences, arts, technologies, philosophie, tout l’intéresse. Mais rien ne semble pouvoir combler le néant qui l’habite, cette impression persistante qu’il n’est pas complet, qu’il lui manque quelque chose, ou quelqu’un.
Dès 2010 ses obsessions le poussent vers des comportements tantôt paranoïdes et tantôt teintés de désillusion de grandeur. Quand les visions de ses rêves commencent à envahir ses moments éveillés, il décide de consulter. Malgré des incohérences, le diagnostic de schizophrénie est avancé. Commence alors une longue période de médication. Aucun des dosages conventionnels ne donne de résultat probant, mais quelques essais à des doses largement hors norme semblent stabiliser son état sans autres effets secondaires. Son psychiatre endosse donc ce traitement en raison de son épilepsie atypique et sous réserve de bilans de santé réguliers.
Avec une certaine stabilité revenue, Oric se lance en 2015 dans un doctorat sur les technologies naissantes de l’IA et du quantum computing. Il devient passionné par les capacités d’apprentissage limitées uniquement par la puissance de calcul. Son impressionnante thèse attire l’intérêt du CERN qui cherche à accélérer ses capacités de simulation et de traitement, en 2020 ils lui offrent un labo et sa propre équipe pour poursuivre ses théories.
Malgré des résurgences de plus en plus nombreuses et parfois violentes, Oric sait que son obsession avec ses recherches est la seule chose qui l’ancre encore dans la réalité. Un sentiment de contrôle qui va voler en éclat dès qu’il va devenir l’objet d’une chasse à l’homme internationale après l’assignat des membres de son équipe et la disparition de ses recherches.